Surnommée «l’île sœur» pour nous les mauriciens, l’île de La Réunion nourrit des secrets culinaires propres à elle. Bien des lignes ont été écrites sur les innombrables «Cari», «Rougail» et «Civets», emblèmes locales de la cuisine réunionnaise. Mais c’est sur un terrain moins connu que je vous propose de vous aventurer ici, celui de trésors locaux, exploités à petite échelle, mais qui méritent de gagner en notoriété!
La Réunion, terre riche de reliefs, patrimoine de paysages volcaniques à couper le souffle, un appel brûlant de la nature… Une chose est sûre, la richesse de ces terres verdoyantes d’outre-mer se retrouve aussi dans les assiettes. Tentés par une petite randonnée culinaire?
Chaussez vos palmes, on plonge vers les embouchures des rivières pour ramasser dans nos filets ce que les locaux nomment ici le «caviar péi». Le bichique est au réunionnais ce que le piballe est au girondin ; une denrée rare et très convoitée. Ce petit poisson gris (alevin du cabot) est pêché une fois par an, autour du mois de novembre-décembre, lorsqu’il remonte les cours d’eau, sur la partie Est et Sud de l’île. «Bichique la monté!» est le signal alertant les gourmets de l’arrivée des petits alevins.
Très réglementée, la pêche du bichique fait grimper les enchères: de 30 à 80 euros le kilo, les chanceux ont l’occasion d’en manger une fois l’an, souvent au moment des fêtes.
Tout dans cette coutume est empreint de tradition, que ce soit le matériel de pêche tressé de manière artisanale (appelé «vouve»), les canaux spécifiques construits pour dissocier le fruit de chaque pêcheur, ou la méthode de cuisson, en «cari» (curry) bien entendu. Il faut savoir que le cari réunionnais est une préparation typique à base de curcuma, oignons, tomates, gingembre. Il diffère d’autres «currys» comme celui des mauriciens, intégrant le masala qui est un mélange d’épices broyées (cannelle, cumin, muscade, cardamome, girofle, poivre).
Ce fameux cari bichique peut être dégusté dans des restaurants locaux, tel que le Reflet des îles, à Saint-Denis. Il s’accompagne souvent d’un ‘rougail mangue verte’, condiment frais accompagnant le plat (mangue verte, oignons, piment, huile, jus de citron, sel).
On grimpe à présent sur les plateaux du Maido, pour une petite cueillette. Saviez-vous qu’une fleur délicate a fait la renommée de l’île, convoitée par les plus grands parfumeurs de Grasse? Le Géranium Rosat, originaire d’Afrique du Sud, a élu domicile sur les hauts plateaux de la partie Ouest de l’île, non loin du Maido. Son heure de gloire, au XXème siècle, a fait de La Réunion un ‘spot’ phare de la matière première utilisée pour la confection des parfums et apprécié pour ses subtiles effluves de rose. Ce sont les conditions climatiques optimales réunies sur ces hauts plateaux qui permettent de produire une essence de Géranium Rosat des plus qualitatives (qu’on obtient étonnamment par les feuilles).
N’ayez crainte les gourmands, si je vous promène sur un registre botanique, c’est pour mieux revenir au cœur de notre sujet, à savoir: comment ça se mange?!!
Les modes et goûts évoluant rapidement dans l’univers de la parfumerie, le Géranium Rosa a depuis, pris le partie d’une reconversion culinaire (pour notre plus grand bonheur). On le retrouve principalement dans le rhum arrangé et dans la pâtisserie. Figurez-vous que j’ai découvert assez récemment la brioche parfumée au géranium, un vrai coup de cœur! Imaginez une brioche moelleuse à souhait, saupoudrée de morceaux de sucre, qui laisse se dégager un parfum subtil de fleur, entre le géranium et la rose, un bouquet sucré en bouche!!
Où en trouver? Je n’ai testé qu’une chaîne de boulangerie locale qui propose cette merveille (Les délicatesses Casta) mais comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, je vous invite à essayer la recette qui nous vient droit d’une bloggeuse locale :
http://bleu-combava.over-blog.com/brioche-au-g%C3%A9ranium-bourbon-rosat
Amis touristes, notez que la Maison du Géranium vous accueille toute l’année pour un tour d’horizon de ce joli produit, décliné en thé, confiture, huile, savon… Visite guidée et dégustation y sont proposées sur place.
Le chouchou, liane comestible.
De larges feuilles veloutées, des tiges grimpantes qui s’entortillent sur plusieurs mètres et laissent éclore de gros cœurs d’un vert pâle et doux. Les plantations de chouchous semblent pouvoir s’étirer sur des kilomètres en enveloppant de leur tapis vert la végétation environnante. Amoureux des régions fraîches, il file et se faufile sur des treilles, perchés sur les plateaux de Salazie. Qu’il prenne le nom de chouchou, christophine ou chayotte, ce gros fruit de la famille des cucurbitacées ravit par son goût subtil qui rappelle légèrement la courgette.
A la Réunion comme à Maurice, on a appris à tirer parti de TOUT le légume. En effet, les tiges et feuilles tendres du chouchou sont utilisées en bouillon ou en beignets. Quant au légume, il s’acclimate à tous les goûts: dans sa plus pure version (bienvenue dans les régimes lights) en vapeur ou salade, en binôme avec une viande dans les caris ou en gratin.
Salazie et ses reliefs verdoyants met à l’honneur le chouchou lors de la fête du chouchou, chaque année au mois de juin, au coeur d’un village créole authentique: hell-bourg.
Si vous êtes fan de ce légume (ou le devenez après cet article alléchant), vous en trouverez en France dans des magasins ‘Grand Frais’. Et pourquoi pas le faire pousser dans votre jardin? Le chouchou pousse comme un grand l’hiver (du moins à Bordeaux), sans même devoir y prendre cas. Vous n’aurez qu’à laisser pousser le fruit acheté dans le commerce et le faire filer à votre guise sur une treille ou un grillage.
Notre petit itinéraire culinaire réunionnais tire à sa fin. Si vous avez l’occasion de voyager dans cette partie de l’océan Indien, vous serez donc armés de quelques «tips» supplémentaires pour découvrir La Réunion hors des sentiers battus!
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