Il est une terre lointaine où perroquets et licornes se dégustent en brochettes. Sur ce rocher du bout du monde, le temps semble suspendu. Si les poissons portent des noms d’oiseaux, la population de l’île est tout aussi étonnante. Étonnante de simplicité, d’une nonchalance heureuse, d’une généreuse humilité. La pêche y est une religion. Hommes et femmes s’y attellent avec le plus grand soin et transforment leurs trésors de mer en une cuisine multicolore.

Rodrigues est une terre de sourires, de joie de vivre brute, de créolité chaleureuse. Bien qu’elle soit une terre mauricienne, Rodrigues a son patrimoine bien à elle. Sa population, 100% créole, revendique cette identité propre. La couleur caractéristique de cette île est le bleu indigo, celui d’un lagon immensément grand. Sa saveur mêle le sucré du miel local, très reconnu, et l’acidulé des fameux petits «limons rodrigues», dont le parfum vivifie assaisonnements de poissons et breuvages typiques.

Vous croiserez des vaches en bord de plage et des cabris qui traversent les routes côtières sinueuses qui semblent se jeter vers la mer. Pas d’autoroutes, pas de supermarchés, il faut faire avec les produits locaux. Coquillages, crustacés, ici on fait le plein de plaisirs iodés.

La star rodriguaise de la mer, emblématique de sa cuisine, est le poulpe, qu’on appelle ici « ourite». Il est pêché traditionnellement par les femmes et exploité de milles façons: en salade, safrané, séché, en curry, en vindaye… La procession de pêcheuses d’ourites est une attraction touristique en soi. Les observer se mouvoir dans l’eau, avec leur grand chapeau de paille tressé, leurs bottes en caoutchouc et munies d’un pic en ferraille, d’où leur surnom de «piqueuses d’ourites», constitue un spectacle étonnant. Malheureusement aujourd’hui cette pêche, avec des eaux moins poissonneuses, et parce qu’elle implique de piétiner le corail, représente une menace écologique. Cela ne nous a pas empêché de tester quelques recettes savoureuses, que je vous livre plus bas.

Quels autres trésors nous réservent les eaux rodriguaises? Une panoplie de poissons incroyables raviront vos papilles, qu’il s’agisse de thons «dents de chien», de marlins (cousin de l’espadon), de carangues, de poissons-perroquets. Des coquillages tel que le bénitier ou le kono-kono, aujourd’hui denrée rare à Maurice, existent encore en abondance à Rodrigues. Enfin, le crabe, calamar et la langouste restent des mets relativement accessibles là-bas.

Côté terre, importation réduite oblige, la population locale a pour habitude de cultiver un lopin de terre, où pousse maïs, haricot rouge, limons, manioc, papaye. Grâce à l’industrialisation réduite sur l’île, le miel bio rodriguais a de nombreuses fois brillé lors de concours internationaux. Vous croiserez facilement au menu de restaurants ou en bord de route, le merveilleux poulet au miel, grillé au charbon.

Pour accompagner les savoureux mets locaux, la papaye est souvent consommée en plat salé. Simplement râpée et assaisonnée de jus de citron, sel et poivre, ou en gratin, c’est une redécouverte fraîche et subtile. Le goût de la papaye verte est étonnamment plus doux que le fruit mûr (la preuve en gratin pour les plus sceptiques à tester plus bas!).

Le meilleur moyen de goûter à toutes les spécialités locales? Choisir des logements appropriés ! Ça tombe bien, contrairement à sa sœur mauricienne qui collectionne les hôtels luxueux, Rodrigues offre des options plus authentiques. Maisons d’hôtes et chambres chez l’habitant sont monnaie courante. Nous avons pour notre part été ravis de l’accueil “Chez Diocèse et Kennedy” à Port Sud Est.

Et si vous voulez ramener un peu de Rodrigues avec vous, le large choix de pâtes de piment en tous genre et autres préparations aigre-douce prolongeront votre séjour une fois rentrés.

Comment ne pas succomber à l’appel du voyage, pour une destination aussi dépaysante, hors du temps. Il reste encore, en ces temps modernes, quelques bulles d’intemporalité. On souhaite qu’elles restent suspendues pour nous rappeler quelques leçons de simplicité…

Recette de daube d’ourite (poulpe)

 

Ingrédients (6 personnes)
1 kg et demi de poulpe frais
500g de tomates
2 oignons émincés

  • 2 gousses d’ail écrasées
  • 1 branche de thym et persil frais
  • 150 ml de purée de tomate
  • 150 ml d’huile pour la cuisson
  • 1 pincée de curcuma en poudre
  • Sel, poivre

Petit tips cuisson: pour attendrir le poulpe, un passage au congélateur de 2h à 24h peut être très bénéfique pour obtenir une chaire fondante.

Nettoyer le poulpe puis bouillir pendant 10 min en couvrant la casserole.

Laisser égoutter et couper en morceaux de 1 à 2 cm.

Faire revenir dans de l’huile chaude l’ail écrasé, l’oignon émincé et les tomates finement hachées.

Ajouter le poulpe, le thym, persil et curcuma.

Laisser mijoter 10 minutes et servir avec du riz blanc.

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